Le Nord du Pérou
Il aura fallu beaucoup de patience, mais après plus de deux heures de file et une heure trente de paperasserie administrative, nous sommes enfin arrivés au Pérou. Il y avait vraiment beaucoup de monde à la frontière et les formalités habituelles, de migration pour nous et de douane pour la moto, ont pris quasiment deux fois plus de temps que normal. Par contre aucune demande spéciale et tout est gratuit.
Après le passage de la frontière nous faisons encore environ 70 kilomètres et faisons étape au camping de Swiss Wassi où nous louons un bungalow directement au bord de l’océan Pacifique. On y retrouve notre amie Celia, qui est venue en visite ici chez sa famille péruvienne. Le camping est tenu pas Melba et Jacques qui sont la sœur et le beau-frère de Celia.
Hier nous avons dis au-revoir et souhaité un bon voyage de retour à Celia, et aujourd’hui nous quittons Melba et Jacques afin de partir à la découverte du Pérou. Encore merci à tous pour l’accueil et les bons moments passés ensemble !!
La côte nord n’est pas très intéressante, avec des villages peu attrayants et des bords de routes jonchés d’ordures et de déchets de toutes sortes. C’est assez triste et désolant de voir ça… Nous roulons dans une zone désertique le long de l’océan, avec des lignes droites interminables. La monotonie est entrecoupée par la traversée de quelques villages et la route est parfois bordées de rizières qui donnent une touche verte bienvenue dans ce paysage où la grisaille domine.
Au hasard d’une pause boisson, nous faisons la connaissance de Michael, un américain qui fait le tour du monde à vélo. Et comme il est aussi fan de montagne, il escalade le plus haut sommet de chaque pays qu’il traverse. Un gars d’un autre monde qui a déjà gravi l’Everest et l’Aconcagua entre autres, mais un type super sympa.
Étape du jour à Piura, une grande ville avec peu d’intérêt, si ce n’est d’offrir un bon choix d’hôtels.
Nous faisons une nouvelle une étape de transition en direction des montagnes. Après avoir fait une halte au marché coloré du petit village de Catacaos, nous nous arrêtons pour la nuit à Canchaque, sur les contreforts de la Cordillère Occidentale. Après les 32 degrés de la plaine, nous sommes tout contents d’être à 1’100 mètres d’altitude et de retrouver un peu de fraîcheur.
Nous étions partis pour une étape de 270 kilomètres mais nous en ferons finalement bien moins. La route asphaltée espérée s’est avérée être une piste de montagne serpentant d’une vallée à l’autre dans des paysages magnifiques. Par contre la moyenne horaire en prend un coup, surtout que nous restons bloqués deux fois à cause de travaux. La première fois pendant une heure, et la deuxième fois pendant 1h30. Il faut faire preuve de patience mais on finit par passer. Beate fait même un tronçon de chantier en transport en commun car le revêtement est trop aléatoire…
Et à chaque arrêt c’est presque l’émeute autour de la Salamandre, qui devient décidément très populaire, comme nous d’ailleurs. Nous traversons plein de petits villages où les gens vivent de façon extrêmement simple, au contact d’animaux les plus divers et dans des maisons rudimentaires. Mais nous sommes toujours très bien accueillis, par une population chaleureuse et souriante.
Vers 16 heures nous arrivons enfin au petit village de Huarmaca. Nous n’avons parcouru que 75 kilomètres, mais les possibilités de logement ne sont pas nombreuses dans ces contrées, et la nuit tombe vite. Nous décidons donc de prendre une chambre ici, à l’hôtel Berlin. Beate se sent presque comme à la maison…
Personnellement je n’ai pas trouvé cette route difficile, mais je vous partage un extrait du Polarsteps de Beate, pour que vous ayez également la vision de ma passagère adorée:
« il y a eu une portion boueuses et j’ai dû descendre, une portion de sable mou et j’ai dû descendre, graviers avec tout ce qui va avec, trous, cailloux, nuages de poussière. Des abîmes et des abîmes ! Un sentier non sécurisé et étroit, même très étroit ! 70 km de sport, il fallait vraiment que je m'accroche ! » Comme quoi les perspectives peuvent être très différentes… Heureusement que j’avais encore un peu de Tequila dans la gourde de poche, pour lui redonner du courage.
La piste d’hier a laissé place à une belle petite route de montagne, étroite et sinueuse, parfois encore entrecoupée de courtes portions non revêtues. Cette route serpente dans les paysages désertiques de la Sierra, nous faisant passer de 2’800 à 700 mètres d’altitude. Nous suivons ensuite le fond de la vallée par une route beaucoup plus rapide, style circuit, parfois bordée de rizières et autres cultures maraîchères. Je crains un excès de vitesse lorsque nous sommes arrêtés à un contrôle de police. L’agent nous demande si nous sommes péruviens, et lorsque je réponds que nous sommes étrangers, il me serre la main et nous souhaite bonne route avec un grand sourire amical. Nous atteignons finalement la ville de Jaén pour l’étape du jour. Cette ville n’a pas vraiment d’intérêt, mais il faut bien s’arrêter quelque part…
Nous quittons Jaén et prenons la route qui longe le Rio Utcubamba et ses gorges, afin de nous rendre à Chachapoyas. Nous sommes maintenant dans la région Amazonas, quasiment à cheval entre les Andes et l’Amazonie péruvienne. Située à une altitude de 2’335 mètres, dans les montagnes et loin de la côte péruvienne, Chachapoyas reste assez isolée des autres régions du Pérou. La ville conserve encore ses larges casonas coloniales, de grandes cours et des salons avec des toits en tuiles. Sa Plaza de Armas est un carré parfait de 100 m de côté, entouré de commerces et de la traditionnelle cathédrale.
Nous partons à la découverte de la cascade de Gocta qui se trouve à proximité du hameau de Cocachimba, à environ 40 kilomètres de Chachapoyas. Elle est visible au loin depuis le village de Cocachimba, mais nous décidons de nous en approcher le plus possible. Entre la marche d’approche pour arriver au centre du village, la première partie du sentier effectuée à cheval, et la partie finale qui ne peut se faire qu’à pied, nous aurons parcouru quelques 13 kilomètres, dont 6 à cheval. Expérience faite, je peux vous dire que deux heures à cheval sont bien plus pénibles qu’une journée de moto…
La hauteur totale de la cascade est de 771 mètres, ce qui la place au cinquième rang des plus hautes cascades du monde. Elle est composée de deux sauts, dont le plus haut mesure 540 mètres. Bien sûr que ça aurait été mieux d’y aller pendant la saison des pluies, mais c’était quand même magnifique et impressionnant !